AFIDEO

Pour une écologie de surditude

Voici une synthèse détaillée réalisée par ChatGPT de la conférence de l’AFIDEO du 26 novembre 2022, avec un focus sur les propos de l’intervenant et des citations marquantes.

Introduction : Un retour au présentiel dans une société en mouvement

Après plusieurs années marquées par la pandémie, cette 17e conférence de l’AFIDEO marque la reprise des rencontres en présentiel, tout en intégrant les avancées technologiques du distanciel. L’enjeu est double : permettre une accessibilité optimale pour les personnes sourdes et malentendantes tout en garantissant des échanges fluides entre les participants présents sur place et ceux suivant la conférence à distance.

« Aujourd’hui, ça a été galère pour démarrer, car nous avons repris les conférences en présentiel tout en maintenant les habitudes du confinement. Il faut jongler entre ces deux mondes. »

Ce défi logistique symbolise un enjeu plus large : comment concilier progrès technologique, accessibilité et maintien des liens humains dans une société en mutation ?

L’écologie de la surditude : un concept inédit

L’intervenant introduit la notion d’écologie de la surditude, un concept inspiré de l’écologie humaine appliqué à la condition sourde.

« L’écologie, ce sont les liens entre le vivant et son environnement. Mais qu’en est-il de l’écologie de la surditude ? Comment nous situons-nous dans ce monde, avec nos spécificités, nos contraintes, nos richesses ? »

L’objectif n’est pas seulement d’exister dans un monde pensé par et pour les entendants, mais d’y trouver une place qui respecte l’identité sourde et sa singularité.

Il évoque les réflexions du philosophe Maxime Louineau, qui s’est penché sur ces questions, et pousse chacun à s’interroger sur la voix idéale du sourd :

« Dans un monde où chacun est différent, comment se positionner ? Comment être audible sans se dénaturer ? »

Performance vs efficience : un modèle à repenser

L’intervenant propose une critique de la notion de performance, qui selon lui a évolué au fil des décennies pour devenir une injonction à l’uniformisation.

« Être performant, c’est répondre aux attentes d’une société qui impose ses normes. Pour nous, sourds, cela signifie gommer nos différences, parler comme il faut, intervenir comme il faut, travailler comme il faut. »

Il prône un basculement vers l’efficience, qui consiste à atteindre un objectif en exploitant ses propres ressources et capacités, plutôt que d’essayer de correspondre à une norme extérieure.

« L’efficience, c’est être au plus juste de soi-même. C’est faire avec ce que nous avons, plutôt que contre ce que nous sommes. »

Il met ainsi en garde contre le validisme, cette tendance à juger la valeur d’un individu selon sa capacité à se conformer aux standards des personnes valides.

Une inclusion encore imparfaite

L’inclusion est un mot à la mode, mais l’intervenant rappelle qu’elle reste trop souvent un simple ajustement des normes valides, et non une réelle prise en compte de la diversité.

« Ce que l’on appelle inclusion aujourd’hui est souvent une assimilation déguisée. On nous donne des outils pour "être comme tout le monde", mais sans jamais questionner ce "tout le monde". »

Il prend l’exemple des implants cochléaires, qui transforment la perception de la surdité chez les nouvelles générations.

« Aujourd’hui, la majorité des enfants sourds sont implantés très jeunes. Leur identité est différente, ils ne se conçoivent plus comme des personnes sourdes. La culture sourde est-elle vouée à disparaître ? »

Témoignages de participants : des situations d’exclusion quotidiennes

Plusieurs participants partagent leurs expériences de malaise et d’exclusion.

L’une d’elles raconte un épisode marquant lors d’un trajet en voiture :

« Tout le monde parlait. J’ai vu qu’ils riaient. J’ai demandé de quoi il s’agissait. On m’a répondu : "Oh, rien, ce n’est pas important." Mais si j’entendais, je n’aurais même pas eu besoin de poser la question. »

Ces moments de décalage sont fréquents et révèlent un manque de prise de conscience de l’impact de l’exclusion sur les personnes sourdes.

Un autre participant évoque son expérience professionnelle :

« On me dit que je suis compétent, mais qu’il serait plus simple d’embaucher quelqu’un qui n’a pas "besoin d’aménagements". Ce n’est pas un problème de compétence, c’est un problème de perception. »

Ces témoignages soulignent que l’inclusion ne se résume pas à des adaptations techniques (sous-titrage, transcription, interprétation), mais à une transformation des mentalités.

Le modèle de la forêt : une métaphore de la diversité

L’intervenant propose une analogie avec les écosystèmes forestiers :

« Dans une forêt, chaque arbre, chaque plante, chaque champignon a sa place. Ils coexistent et se soutiennent. En revanche, une monoculture affaiblit l’écosystème. »

De la même manière, une société qui valorise uniquement certains types de compétences (l’éloquence, la rapidité d’adaptation, l’interaction orale) se prive de toute une richesse de talents.

Le "Commun" : un modèle de société à construire ensemble

L’intervenant propose de repenser notre rapport à la collectivité en s’appuyant sur la notion de "Commun".

« Le Commun, ce n’est pas seulement une inclusion passive. Ce n’est pas "tolérer" les différences. C’est les intégrer comme des éléments essentiels à notre société. »

Ce modèle repose sur la reconnaissance mutuelle et l’interdépendance.

« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. »

Surditude : une identité plurielle et en mouvement

L’intervenant s’appuie sur les travaux de Paddy Ladd pour définir la surditude non pas comme un handicap, mais comme une identité culturelle et linguistique.

« Être sourd, ce n’est pas simplement ne pas entendre. C’est une manière d’être au monde, avec son histoire, ses repères, ses codes. »

Il rappelle que cette identité est évolutive, et que chacun peut s’y reconnaître différemment selon son parcours.

« On fait ce qu’on veut des étiquettes. À certains moments, on a besoin de les revendiquer, à d’autres, on préfère s’en détacher. Le chemin de l’homme, c’est ça : passer d’un état à un autre, évoluer, se redéfinir. »

Conclusion : Vers une société plus symbiotique

En clôture, l’intervenant appelle à repenser l’inclusion comme une véritable co-construction où chacun trouve sa place, sans avoir à s’effacer.

« L’avenir de la surditude dépend de notre capacité à exister pleinement, sans compromis sur notre identité. Il ne s’agit pas d’être performants selon des critères imposés, mais d’être efficients à notre manière. »

Cette conférence a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la manière dont nous envisageons la diversité, non pas comme une contrainte, mais comme une force pour l’ensemble de la société.